L’histoire du futur hôtel commence à l’automne 1825, lorsque Jean-Martin Lacadée vendit… pour 100 francs ( 15 euros)… au jeune Prosper Rouquette, 1 a 59 ca de terre labourable.
Rouquette, futur «chef gardien» du phare et conseiller municipal (démissionné par le préfet pour avoir omis de paraitre aux séances du Conseil pendant dix-neuf mois) donnait son nom des années durant, non seulement à sa maison mais aussi au plateau. On disait «Pu de Rouquette».
Son successeur, François Boidron, marchand de vins en gros à Bayonne, déplaça le mur de clôture en 1839 tandis que Salvat Duprat, l’acquéreur suivant (1844), développait la propriété en lui adjoignant une petite bâtisse, future LEANDAK.
En janvier 1848, alors que Tocqueville proclamait à la Chambre: «N’aperçoit-on pas le sol qui tremble de nouveau? Un vent de révolution souffle, la tempête est à l’horizon…», la vie continuait paisiblement à Biarritz et Duprat vendait ses deux maisons 24.000 francs au marchand épicier Pierre-Charles Dumont.
Tout le monde connaissait ici Dumont père, l’ancien soldat au teint coloré natif de Saint-Servan, et son épouse Laurence Bibienne née à Cadix, les premiers à ouvrir un hôtel à Biarritz, dans la maison LARTIGAU (emplacement de la halle actuelle).
L’acheteur des maisons Duprat, Pierre-Charles Dumont fils de l’hôtelier, était de petite taille avec des yeux gris, un menton à fossette, «des cheveux rouges» un visage piqueté de taches de son, un vrai Poil de Carotte.
Deux ans plus tôt, son père lui avait remis son fonds d’épicerie de la rue Mayou à Bayonne. Le jeune homme avait pris pour femme la fille de François Viviez. L’achat de la villa ROUQUETTE lui fit vendre son commerce pour se consacrer entièrement à l’accueil des visiteurs de plus en plus nombreux dans la station.
Il reçu en 1854 le ministre des finances, Jean-Martial Bineau.
Pierre-Charles Dumont mourut en août 1855 à trente spet ans, laissant quatre orphelins. A l’époque du décès s’achevaient tout juste les travaux d’agrandissement des deux maisons. La veuve put régler la dépense grâce à l’héritage de son père.
Elle décida de reconstruire en 1871 et s’adressa à l’architecte Pierre Louis qui faisait alors ses débuts à Biarritz. La maison neuve eut l’honneur d’être présentée en 1877 dans la revue d’Eugène Violet-le-Duc, Habitations modernes. On reconnaît sur l’image, à quelques remaniements près, l’actuel HOTEL D’ANJOU. Les terres et décombres provenant des travaux furent transportés aux décharges de la place de la Chapelle (Sainte-Eugénie).
Le bureau du télégraphe fonctionna ici momentanément en 1876.
Charles d’Ythurbide, négociant à Bayonne, président du Tribunal de commerce et vice-consul de Russie (il avait poussé le scrupule jusqu’à apprendre le russe) devait épouser en seconde noces Marie-Louise Dumont. Ils habitèrent le proche chalet REGINALD au début du siècle. M.Ythurbide décédait aux Eaux-Bonnes en août 1907.
Quelques mois auparavant, un avocat artiste-peintre Christian Cherfils et son ami, le poète encore peu connu Francis Jammes, vinrent faire une déclaration de décès à l’Etat civil. Ophélie-Clara Brende jonc de Birmingham, veuve du marquis d’Auvers, venait de mourir à la villa DUMONT qu’elle occupait depuis plusieurs mois. Elle y avait apporté son mobilier et quel mobilier! Elle possédait une collection de montres et de bijoux d’une valeur inestimable. Des tableaux de maitre, un portrait de Marie-Antoinette issu du Trianon, Le Festin de Balthazar (tableau sur cuivre de Breughel), une toile attribuée à Boucher, voisinaient avec une vue du phare et du château impérial oeuvre de Godchaux (1).
Le bombardement de 1944 éprouva la VILLA DUMONT. Restaurée, elle abrita le commissariat de police mais a repris ses fonctions d’hôtel depuis avril 1955.
(1) Léopold-Robert Godchaux né en 1794 à La Chaux-de Fonds. Se suicidait à Venise en 1835. Elève de l’atelier de David Partit en Suisse en 1816. vivait en faisant des portraits. Peintre très apprécié des rois Charles X et Louis-Philippe.